samedi 23 septembre 2017

Le potager

Marilyne Fortin
Éditions Québec Amérique
340 pages

«Et s’il fallait porter un masque et des gants en permanence ? Faire ses provisions grâce à des coupons de rationnement ? Se débarrasser des chats faute de nourriture ? Se déplacer à vélo puisqu’il n’y a plus d’essence ? Et si l’apocalypse arrivait tout doucement, insidieusement ?
Depuis qu’un virus mortel s’est propagé partout dans le monde, Caroline voit chaque semaine son univers changer. Entre deux crises d’anxiété, elle doit néanmoins s’occuper de son mieux de ses deux jeunes garçons. Tout ce qui était auparavant si simple est devenu difficile. Même se nourrir. Les habitants de son quartier décident alors de s’unir pour cultiver un potager… mais les choses les plus banales prennent désormais des allures dramatiques.
Jusqu’où ses voisins iront-ils pour protéger leurs récoltes maintenant que chaque personne représente un concurrent dans cette course à la survie ? Et jusqu’où Caroline elle-même ira-t-elle ?»

Mon avis

8,5/10

Lorsque j'ai vu que Marilyne Fortin sortait un second roman: il me le fallait. Dans un style totalement différent que celui de son premier-né, La Fabrica, l'auteure nous propose une histoire d'épidémie et de survie effroyablement réaliste.

Une épidémie se déclare sur le continent africain et s'étend rapidement au monde entier. En banlieue de Montréal, Caroline essaie de faire le nécessaire pour protéger sa petite famille. La nourriture est rationnée, puis vient à manquer. Les contacts humains sont proscrits: n'importe qui pourrait vous transmettre la maladie. Si l'eau et l'électricité fonctionnent encore, ce n'est qu'une question de temps avant que cela cesse...

Depuis que j'ai lu le magnifique Station Eleven, je craque pour les histoires d'épidémie. Celle-ci est tellement réaliste, j'en avais peur. Une situation comme celle-là pourrait arriver si des maladies comme l'Ebola n'arrivaient pas à être contenues. J'ai beaucoup réfléchi: comment réagirai-je si cela se produisait? Est-ce que je réussirais à être assez brillante et chanceuse pour m'en sortir?

La première partie du roman expose la lente paralysie de la société, la peur et l'angoisse qui s'installent, l'instinct de survie qui reprend tranquillement ses droits... On se met énormément à la place de Caroline. Quoi faire, à quel point tenter d'être prévoyant, à quel point laisser la peur prendre le dessus. La seconde partie est explosive. Mais vous devrez le lire pour découvrir.

Un petit détail qui m'a fait encore plus apprécier ma lecture est les débuts de chapitre. Caroline est enseignante d'histoire et chaque chapitre débute avec une illustration et un texte explicatif sur une coutume ou une pratique dans l'histoire qui est liée avec la situation actuelle. Un petit ajout qui rend le livre unique. 

Pour conclure, j'ai passé un excellent moment à angoisser dans ce charmant potager. À lire!

Je remercie grandement les Éditions Québec Amérique pour cette lecture! 


mardi 19 septembre 2017

Les rois mongols

Nicole Bélanger
Éditions Québec Amérique
185 pages

«Octobre 1970. Manon, adolescente sensible et délurée, apprend qu’elle et son petit frère qu’elle aime plus que sa propre vie seront placés en familles d’accueil. Jamais Mimi et elle ne seront séparés. Jamais. Elle l’a promis « juré craché ». Devant la menace imminente, Manon choisit le chemin de la rébellion et de la fuite. Inspirée par les événements politiques qui secouent le pays, elle élabore un complot dans le but de kidnapper une vieille femme qui leur servira d’otage et de grand-mère. Avec l’aide de ses deux cousins, elle met vite son plan à exécution.
 
 « Ils vont me l’aplatir, me l’uniformiser, me le rouleaucompresser, éteindre ses désirs, tuer sa rage. Je ne les laisserai pas faire. Moi pis Mimi, on va s’en aller loin. On va rester rebelles, insoumis, mal élevés et fiers de l’être. Plus personne va réussir à nous décourager en nous faisant croire qu’on est des sans-dessein. On va devenir capables de tout. »


Mon avis



8,5/10

Il y a décidément une thématique dans les nouvelles parutions chez Québec Amérique (voir ma dernière chronique sur Un temps nouveau), puisque j'ai eu la chance de lire un autre roman nous plongeant dans les années 70 au Québec. L'angle est cependant très différent et ce fut une autre excellente lecture.

Manon et Mimi, une soeur et un frère, ne peuvent compter que l'un sur l'autre ces temps-ci. Leur père est malade, leur mère le devient à force de devoir gérer la situation. Alors qu'ils sont hébergés encore une fois chez leur tante pendant un épisode de la maladie de leur père, leurs cousins leur révèlent qu'ils seront placés dans des familles d'accueil. DES familles, pas une. Commence alors une aventure plus que loufoque de kidnapping de grand-mère anglaise. 

La présente édition du roman est sortie pour accompagner celle de son adaptation cinématographique prochaine. Sachant cela, j'ai imaginé ma lecture comme si je visionnais le film et cela fonctionnait très bien. L'écriture permettait de très bien imaginer les scènes. 

J'ai aimé le côté complètement absurde de l'histoire. Les enfants n'en font qu'à leur tête, jusqu'à commettre des actes très graves et on dirait qu'il n'y a aucune conséquence. L'innocence de la jeunesse est tout à fait mise en avant. Le thème de la politique est aussi très présent. Les événements liés au FLQ et la violence les entourant sont abordés. L'innocence de l'enfant et la politique: un mélange de thématiques qui donne un résultat explosif!

Ce roman est court, mais poignant. Je vous le conseille! Il m'a donné très envie de voir le film lorsqu'il sortira. 

Je remercie grandement les Éditions Québec Amérique pour cette lecture!


Un temps nouveau

Micheline Duff
Éditions Québec Amérique
296 pages

«Alors que le Québec vient d’amorcer sa Révolution tranquille, la jeune Nathalie entreprend sa propre petite insurrection lors de conflits générationnels avec ses parents. Sa rencontre et son amitié avec une femme audacieuse prônant l’avènement d’un temps nouveau l’influenceront pour le reste de son existence. Crise identitaire, montée du séparatisme, libération des mœurs, féminisme, scission de l’Église et de l’État, jalonneront son parcours et sa recherche d’une vie stable et sereine.

Dans ce vingt-deuxième roman, Micheline Duff livre avec sensibilité un récit inspiré du témoignage de faits vécus. Entrelaçant habilement réalité et fiction, elle raconte la vie d’une femme attachante durant une période charnière de l’histoire du Québec, pendant et après la Révolution tranquille. Mais… était-elle vraiment tranquille, cette révolution ?»

Mon avis


9/10

Un temps nouveau, c'est le Québec des années 70. C'est la pilule contraceptive qui entre dans nos vies. C'est la femme qui s'émancipe. C'est ma grand-mère qui décide qu'elle, elle n'en veut que deux des enfants pour avoir du temps pour sa carrière d'enseignante. Un temps nouveau, c'est une époque que je n'ai pas vécue, mais qui résonne fort dans ma tête. 

Le roman est une réussite sur plusieurs points. L'écriture de Micheline Duff est d'abord excellente. C'est fluide, c'est agréable à lire et elle réussit vraiment à nous dépeindre la réalité d'une jeune femme de la Révolution tranquille. Je ne pensais pas qu'un livre sur ce thème et cette époque m'attirerait, mais je suis très contente de l'avoir lu. Je connaissais plusieurs faits et caractéristiques de cette époque, mais lire un roman qui la met en scène m'a vraiment donné l'impression de mieux la comprendre. Je serais curieuse de connaître l'avis de quelqu'un de plus âgé qui a vécu les années 70.

J'ai adoré le personnage de Nathalie. On la voit évoluer, de sa phase rebelle d'adolescente qui veut goûter à l'interdit, à celui de femme assumée. Nathalie incarne la femme de cette époque, celle que le mariage laisse indifférente et qui veut étudier malgré les embuches. On voit à travers elle aussi le portrait d'une famille éclatée et non conventionnelle, mais dont le bonheur des membres et le souci principal. 

Pour conclure, j'ai beaucoup aimé cette lecture, qui m'a fait vivre une époque pas si lointaine et si importante dans l'histoire du Québec. Je suis habituée à être transportée des siècles en arrière lorsque je lis un roman historique Ce voyage dans le temps beaucoup plus court m'a enchantée. 

Je remercie grandement les Éditions Québec Amérique pour cette lecture!